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Burnout : Comment aborder sereinement ce sujet avec son manager ?
Management des talents

Burnout : Comment aborder sereinement ce sujet avec son manager ?

Le burnout est une maladie professionnelle encore tabou en entreprise. Alors comment parler de burn-out à son manager ?

Sommaire

Parler de burnout en entreprise n’est pas chose aisée mais permet de se prémunir de ce type de risques psychosociaux (RPS). Susceptible de toucher les collaborateurs les plus engagés, le burnout reste difficile à repérer. 

Côté obscur de l’abnégation au travail - au sens de sacrifice de soi - le burnout consume le collaborateur de l’intérieur, entamant son entrain et sa foi en l’entreprise. Et le cocktail COVID-19 et télétravail a aggravé la situation, au point qu’au sortir du troisième confinement, on recensait 2 millions d’individus souffrant de burnout sévère (un doublement en un an). Devant les difficultés rencontrées, parler de burnout s’annonce comme LA solution. Or, craignant des conséquences pour leur poste, 58% des collaborateurs préfèrent taire leur maladie mentale et/ou psychique - comme le burnout - à leur employeur. 

Alors comment faire pour parler de burnout à son manager ? Quelles sont les étapes clés ? Voici comment procéder.

Qu’est-ce que le burnout ? 

C'est quoi faire un burn-out ?

Surnommé le “mal du siècle”, le burnout est à l’origine de la montée en puissance du thème de la santé mentale en entreprise. Un sujet, qui, à la lumière de la crise sanitaire, est amené à devenir de plus en plus prégnant à l’avenir pour 72% des salariés interrogés dans le sondage Psychodon Opinionway. 

Phénomène d’épuisement physique, émotionnel et mental au travail, le burnout a été observé de tout temps et dans toutes les sociétés. Ce n’est pourtant que dans les années 1970 qu’il s’est doté d’un nom avec le psychologue américain Herbert Freudenberger. Celui-ci l’utilisa initialement pour décrire le conflit des soignants entre un stress sévère et des idéaux très forts. En 2019, l’OMS clarifie la définition du burnout et le désigne comme "un syndrome résultant d'un stress chronique au travail qui n'a pas été géré avec succès".

Selon l’OMS, on peut parler de burnout dès lors que trois éléments sont réunis

  • Un sentiment d'épuisement ;
  • Du cynisme ou des sentiments négativistes liés à son travail ;
  • Une efficacité professionnelle réduite. 

Le burn out présente deux variantes qui, contrairement à lui, ne reposent pas sur l’importance de la charge de travail. 

  • Le brown-out ou perte de sens : le collaborateur ne trouve plus de sens dans son activité et éprouve une grande lassitude/désillusion vis-à-vis de son travail. Le brown-out est souvent généré par des tâches absurdes et/ou répétitives.
  • Le bore-out ou épuisement par l’ennui : le collaborateur est directement victime d’une sous-charge de travail ou a l’impression de tourner en rond.

Quels sont les symptômes de l'épuisement professionnel ?

Un burnout se caractérise par des ressources cognitives et affectives saturées et sidérée par une pression répétée. Contrairement à une dépression, l’effondrement est soudain et la décompensation brutale : le sujet atteint un point de rupture, s'ensuit un sentiment d’insécurité lié à son environnement professionnel et une volonté délibérée de repli sur soi. 

symptômes du burnout
Les symptômes du burnout

Les séquelles d’un burnout peuvent être plus ou moins graves sur le long terme : perte de mémoire, difficulté de langage, moindre concentration ou créativité. 

Quelles sont les causes du burn-out ?

Parler de burnout a longtemps renvoyé à l’idée de dépression, d’abus d’alcool ou encore d'affaiblissement du système immunitaire. 

Le phénomène est susceptible de toucher n’importe quel professionnel : du carriériste, en passant par l’employé overbooké. 

Un point commun : le burnout touche d’abord les collaborateurs qui se surinvestissent dans leur travail ou - à tout du moins - qui leur accorde une importance démesurée. Un phénomène courant en France où le travail revêt une importance capitale dans le façonnement de l’identité de l’individu (statut, valeur, estime de soi…). Reste qu’avec la généralisation d’un télétravail forcé et la dilution des frontières vie pro/vie perso qui en a résulté, de nouvelles sources de stress sont apparues

Les chercheurs ont établi que le conflit de rôles (collaborateur, parent, conjoint...) qui en résulte, provoque chez les individus un stress accru. De plus, le distanciel peut accentuer incompréhension et surinterprétation (peur du licenciement, sentiment de mise à l’écart…). 

Toutefois et contrairement à une idée répandue, il s’agit davantage d’un mal engendré par les conditions de travail (pression, surveillance, isolement…) plutôt qu’un mal intrinsèque à l’individu. Ainsi, la première personne qui peut changer la situation, c’est l’employeur en revoyant la charge de travail, les processus ou encore en démocratisant le feedback au sein de son entreprise. 

Selon Christina Maslach, psychologue sociale et professeur émérite de psychologie à l’université de Californie, Berkeley, il existe 6 facteurs

  • Une charge de travail ingérable ;
  • Une impossibilité d’influer dans l’amélioration de la situation (absence de contrôle de l’individu sur son travail) avec, notamment, des deadlines irréalistes ;
  • Un manque de reconnaissance, voire - plus grave - de considération ;
  • Une inégalité de traitement entre collaborateurs ;
  • Un rôle mal défini dans l’organisation ;
  • Un manque de feedback et de soutien de la part des managers ou de la direction.

Dès la conjonction de deux de ces facteurs, le risque de burnout se confirme. 


4 étapes pour vous aider à communiquer sur votre burnout 

Parler de burnout reste compliqué dans la mesure où la santé mentale demeure un thème tabou en entreprise. Une tendance en écho à une étude d’Oracle de 2020 - qui peut prêter à sourire mais qui montre surtout le climat de défiance en entreprise - selon laquelle 82% des salariés préfèrent se tourner vers une solution en intelligence artificielle pour préserver leur santé mentale plutôt que de solliciter leur manager. Mais alors comment annoncer un burn-out à son manager ? 

Etape 1 : Effectuez un auto-diagnostic

Avant de parler de vos difficultés à votre manager, effectuez un auto-diagnostic pour savoir si vous souffrez bien d’un burnout et non d’une dépression, par exemple.

Parmi les questions que vous pouvez vous poser : 

  • A quel degré est-ce que j’évalue mon niveau de fatigue
  • Est-il récurrent et persistant ? Mon sommeil est-il réparateur ou non ?
  • Est-ce que je me sens dépassé par la charge de travail qui m’est confiée ou en ai-je trop fait pour faire bonne impression à votre manager ? 
  • Suis-je confronté à des relations de travail engendrant du stress ou des process entravant ma productivité ? 
  • Quand ai-je éprouvé de la joie pour la dernière fois dans mon entreprise ? 

N’hésitez aussi pas à vous tourner vers la médecine du travail : elle est là pour accompagner les salariés en difficulté.

Etape 2 : Listez les solutions possibles

Une fois votre auto-diagnostic fini, essayez de lister 2 à 4 solutions à présenter à votre manager et dont vous auriez besoin pour surmonter le problème. Ces solutions dépendent de la sévérité de vos symptômes. 

  • Vous souhaitez un meilleur équilibre de vie ? Peut-être que travailler moins d'heures ou établir des heures fixes pour les communications liées au travail serait utile. 
  • Vous souhaitez mieux gérer votre stress ? Voyez si vous pouvez alléger votre charge de travail en mettant en stand-by certaines tâches non importantes, voire déléguer. 
  • Vous êtes exténué ? Prenez rendez-vous avec votre médecin du travail pour savoir si vous avez besoin d’être arrêté. En attendant de voir votre médecin, n’hésitez pas à prendre des congés.

Etape 3 : Tournez-vous vers un collègue

Si vous n’êtes pas encore prêt à solliciter votre manager, parlez de votre mal-être à un collègue proche

Des chercheurs comme Mandy O’Neill, professeur à l’Université George Mason, ont prouvé qu’avoir un compagnon de travail à qui se confier (Companionate Love) permettait de réduire considérablement le risque de burnout

Avec lui, il est possible d’évoquer avec lui votre niveau de stress ainsi que votre manque de satisfaction au travail. Un tel soutien pourra vous revigorer avant votre discussion avec votre manager. C’est aussi un moyen de voir si votre ressenti vis-à-vis de la charge de travail est partagé. Il pourra vous éclairer et vous exposer son point de vue notamment quant aux méthodes à aborder. 

Etape 4 : Soyez transparent avec votre manager 

Une fois que vous êtes prêt :

  • Évoquez, sans crainte, vos symptômes et les effets de votre burnout à votre manager.
  • N’hésitez pas à demander conseil auprès de votre manager pour ce qui est de la gestion du temps, de l’organisation ou encore de la priorisation des dossiers/projets. 
  • Présentez les éléments dont vous avez besoin pour solutionner la situation : davantage de feedback manager, plus d’autonomie, clarification des rôles, révision des objectifs… 
  • Si vous et votre manager décidez de réaffecter certaines de vos responsabilités, proposez d'aider à la transition et donnez régulièrement des conseils à votre remplaçant. 
  • Parlez des droits que vous souhaitez éventuellement activer (cf. arrêts maladie).


Vos droits : le burnout, une maladie professionnelle

Si les symptômes de votre burnout ne font aucun doute mais que votre manager s’obstine à ne rien savoir, sachez que vous avez des droits ! 

Une pathologie psychique comme le burnout peut être reconnue comme maladie professionnelle si deux conditions cumulatives sont remplis :

1°) La pathologie est essentiellement et directement causée par le travail. Cette condition n’est toutefois pas exclusive : dans certains cas l’assurance maladie peut fonder sa décision sur le cadre-extra-professionnel.

2°) La pathologie donne lieu à une incapacité permanente partielle (IPP) supérieure ou égale à 25%. 

C’est lors d’un examen chez votre médecin traitant, qu’il peut vous prescrire un arrêt de travail, voire - s'il constate une dégradation de votre état de santé en lien avec votre travail - vous inciter à demander la reconnaissance d’origine professionnelle de votre pathologie auprès de la Caisse primaire de l’assurance maladie. Dans le cas où l’origine professionnelle est avérée, le médecin traitant délivrera un certificat médical initial précisant la nature de la maladie et sa date de première constatation médicale. 

Contrairement à l’accident du travail, c’est au collaborateur et non à l’employeur, de déclarer sa maladie à la Caisse primaire de l’assurance maladie (Cpam). Il s’agit d’adresser une déclaration de maladie professionnelle à la Cpam via le formulaire cerfa n°60-3950 "Déclaration de maladie professionnelle ou demande de reconnaissance de maladie professionnelle". 


Face aux problèmes de santé mentale, les collaborateurs se sentent souvent mal informés et/ou peu entendus. Il faut dire que seulement 31% des entreprises ont mis en place des ressources dédiées, à commencer par un service d’assistance téléphonique, suivis de documentations ou de formation. De leurs côtés, 41% des collaborateurs attendent en premier lieu des ateliers de bien-être (sophrologie, méditation…) ou encore l’aide de psychologues (32%).  Vous l’aurez compris, proliférant de plus en plus dans un milieu professionnel concurrentiel, le burnout n’est pas une fatalité si des actions concrètes sont mises en place. 

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